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Compromis de Séville ou mandat de Johannesburg : Financer l’Afrique pour l’avenir

La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4) à Séville est terminée. Les États-Unis se sont retirés des négociations. L’Engagement et la Plateforme d’action de Séville ont été adoptés. Ils visent à combler deux lacunes de financement colossales : 4 000 milliards de dollars par an pour les ODD à l’échelle mondiale, et 402,2 milliards de dollars par an pour les réformes structurelles en Afrique.

Les engagements clés incluent un appel à un revenu fiscal minimum de 15 % du produit intérieur brut d’un pays, un triplement des prêts des banques multilatérales de développement (BMD), et un financement privé accru grâce à l’innovation dans les modèles de financement et les incitations à l’investissement dans les infrastructures. L’accord a également « encouragé le soutien » à une Convention fiscale des Nations Unies.

Cependant, la Plateforme d’action elle-même couvre un éventail de questions incroyablement large – de la mobilisation des ressources nationales et du commerce international à la dette, l’engagement du secteur privé, la corruption et les flux financiers illicites, et, surtout, la réforme de l’architecture financière internationale. Les 130 initiatives à « fort impact » restent quelque peu vagues, avec un manque de clarté sur leur mise en œuvre. Pendant ce temps, 3,3 milliards de personnes dans le monde vivent dans des pays où les intérêts payés sur la dette sont supérieurs aux dépenses de santé ou d’éducation. Les pays en développement devraient payer un montant stupéfiant de 947 milliards de dollars pour le service de leur dette cette année, soit une augmentation de 11,8 % par rapport à l’année dernière.

La FfD4 a montré que le financement du développement n’est pas une préoccupation exclusive des pays en développement ; c’est une crise universelle. Pour que cette vérité force un changement de paradigme vers des partenariats équitables, elle doit dépasser la dichotomie donateur-bénéficiaire. Cela accentue la pression sur le G20, en particulier avec l’Afrique du Sud à sa tête, pour forger une coalition mondiale plus puissante après la FfD4.

Le Sommet du G20 de novembre 2025 à Johannesburg est une occasion capitale et sans précédent : le premier sommet du G20 à se tenir sur le continent africain. Cet événement est un symbole puissant et indéniable de l’autonomie et du leadership africains. Son mandat explicite de placer les marchés émergents et les économies en développement en tête de l’ordre du jour offre une opportunité unique de traduire les leçons de Séville en actions concrètes et transformatrices.

Johannesburg représente une plateforme essentielle pour les dirigeants africains (et mondiaux !) afin de défendre des réformes spécifiques et concrètes :

  • Réformes des BMD et financement concessionnel : La mise en œuvre accélérée des réformes du Cadre d’adéquation des capitaux des BMD du G20 peut dynamiser le triple objectif visant à rendre les BMD « plus grandes, plus audacieuses et meilleures ». Cela est crucial pour augmenter le flux de ressources concessionnelles à faible coût vers les pays en développement. Des mécanismes sont également nécessaires pour garantir que les ressources des BMD ne s’échappent pas pour rembourser les créanciers privés.
  • Coopération fiscale mondiale : S’appuyant sur l’encouragement de Séville pour une Convention fiscale des Nations Unies, le G20 peut favoriser une coopération fiscale internationale plus solide. Cela inclut de s’assurer que les sociétés multinationales et les ultra-riches contribuent leur juste part d’impôts et de renforcer les cadres réglementaires pour la transparence et la responsabilité.
  • Mobilisation des ressources nationales : Il est impératif de défendre et d’étendre les initiatives de financement innovantes telles que les échanges de dettes, le financement en monnaie locale et la titrisation, dont beaucoup proviennent du Sud mondial. Favoriser des marchés de capitaux nationaux plus profonds en Afrique est essentiel pour réduire la dépendance à l’égard des emprunts externes.
  • Transparence des notations de crédit : La subjectivité des notations de crédit, centrée sur les perceptions du risque, continue de coûter cher aux nations africaines – 74,5 milliards de dollars en intérêts excédentaires et en opportunités de financement manquées, en raison des « idiosyncrasies des notations de crédit ». Des méthodologies transparentes, objectives et économiquement fondamentales pour les notations de crédit sont plus que jamais nécessaires, surtout avant l’établissement d’une Agence africaine de notation de crédit.

Ces priorités ouvrent la voie à un programme sans compromis qui peut remodeler le paysage financier de l’Afrique. Le Sommet du G20 de novembre, après Séville, est une plateforme solide pour que les dirigeants africains fassent avancer des réformes spécifiques et concrètes. Cela ne peut pas être un simplee sommet de plus. C’est une opportunité non négociable de s’attaquer directement au coût élevé du capital pour les emprunteurs africains, et de trouver un moyen de financer l’Afrique pour l’avenir.

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