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Perception contre Réalité : Les moteurs de la prime de risque en Afrique

Ce panel, organisé dans le cadre de l’Ibrahim Governance Weekend, a exploré les profondes conséquences économiques des perceptions mondiales actuelles de l’Afrique. Des experts en notation de crédit, en finance et en journalisme ont disséqué les coûts et les impacts tangibles des récits négatifs, et ont présenté un appel clair à l’action pour une gestion proactive du profil d’investissement du continent afin d’obtenir un coût du capital plus juste.
La discussion
Le dialogue était ancré dans les conclusions percutantes d’un rapport d’Africa No Filter et d’Africa Practice, qui a quantifié la « pénalité de perception » payée par les nations africaines. En analysant des milliers d’articles issus des principaux organes de presse mondiaux, le rapport a révélé une corrélation directe entre le sentiment médiatique biaisé et l’augmentation des coûts d’emprunt.
Alors que les indicateurs objectifs sont au cœur des évaluations financières, les perceptions subjectives influencent fortement les résultats. Les agences de notation s’efforcent d’être impartiales grâce à des décisions prises en comité et à une vérification rigoureuse des données, mais l’évaluation qualitative de la solidité institutionnelle peut être influencée par le récit dominant. Les gestionnaires de risques sont conditionnés à éviter l’incertitude, ce qui les rend sensibles aux titres négatifs qui peuvent éclipser une analyse détaillée et positive. Le consensus était clair : l’antidote le plus puissant au biais subjectif est la fourniture de données crédibles, cohérentes et facilement accessibles, ainsi qu’un engagement proactif auprès des analystes et des investisseurs pour s’assurer que ces données sont comprises dans leur contexte. Sans cela, les décisions sont reportées ou soumises aux « sentiments et opinions », largement façonnés par les médias.
Les gouvernements ne sont pas impuissants. En améliorant la transparence des données et en communiquant de manière proactive leurs progrès en matière de réformes politiques et de gouvernance (le Bénin et la Côte d’Ivoire en sont des exemples clés), les nations peuvent façonner activement leur histoire de crédit.
La voie à suivre
La discussion a abouti à une série de stratégies concrètes pour que les décideurs politiques, les entreprises et la société civile reprennent le contrôle du récit africain.
- Adopter la transparence et les données : Le fondement d’un récit crédible est la vérifiabilité des données. Les gouvernements africains doivent investir dans leurs organismes nationaux de statistique et institutionnaliser la diffusion régulière et transparente des données économiques et de gouvernance.
- Prioriser l’engagement : Les nations doivent passer d’une posture réactive à une posture proactive. Cela implique un engagement constant auprès des investisseurs, des analystes et des médias. La transparence, même dans des circonstances difficiles, peut améliorer les perceptions de la capacité de gouvernance.
- Faire preuve d’audace sur la scène mondiale : Les dirigeants africains et les acteurs phares du secteur privé doivent s’engager plus activement et de manière plus intentionnelle dans les forums mondiaux en dehors du continent. L’objectif est d’aller là où les perceptions erronées se forment et de les contrer avec des faits et un récit convaincant.
- Amplifier les voix locales : Le pouvoir des secteurs créatifs et médiatiques en plein essor de l’Afrique doit être exploité. Avec des créateurs de contenu africains attirant des millions de vues sur des plateformes comme YouTube, il y a un appétit mondial clair pour les histoires authentiques. Soutenir ces industries n’est pas un exercice de « soft power », mais un investissement stratégique pour créer une perception mondiale plus équilibrée et nuancée du continent dans son ensemble.
La conclusion
Changer le récit est une responsabilité collective. En présentant aux dirigeants africains des données comparatives sur la manière dont leurs efforts de communication contribuent directement à la réduction du coût du capital, nous pouvons stimuler une saine concurrence et mettre en lumière les exemples de réussite. Remodeler la perception mondiale de l’Afrique n’est pas une question de relations publiques, mais un impératif économique et de gouvernance fondamental pour le 21e siècle.
Le rapport phare d’Africa Practice, en partenariat avec Africa No Filter, pose une question audacieuse : Et si cette image n’était pas seulement néfaste pour notre réputation, mais aussi pour nos économies ?
En utilisant des données quantitatives provenant de sept pays (africains et non africains), l’étude révèle que les stéréotypes médiatiques négatifs gonflent directement le coût de l’emprunt pour les pays africains, coûtant au continent jusqu’à 4,2 milliards de dollars chaque année en paiements d’intérêts évitables.
Ce que les données révèlent :
- Les élections africaines reçoivent une attention médiatique plus négative que des élections similaires ailleurs, avec un accent disproportionné mis sur la violence, la fraude et la corruption.
- Dans les médias mondiaux, 88 % des articles sur le Kenya et 69 % sur le Nigeria pendant les périodes électorales avaient un ton négatif, contre 48 % pour la Malaisie, un pays présentant un risque politique similaire.
- Ce sentiment négatif se traduit par des coûts économiques réels : les investisseurs exigent des taux d’intérêt plus élevés, ce qui fait grimper les rendements des obligations souveraines et alourdit le fardeau du remboursement de la dette.
- Par exemple, si l’Égypte était couverte aussi positivement que la Thaïlande (avec des niveaux de risque similaires), le rendement de ses obligations pourrait chuter de près d’un point de pourcentage, ce qui permettrait d’économiser des centaines de millions par an.
Africa No Filter est une organisation de plaidoyer qui s’efforce de faire évoluer les récits stéréotypés sur l’Afrique. Nous existons parce que de nombreuses histoires sur l’Afrique continuent de s’articuler paresseusement autour d’un récit unique : mauvaise gouvernance, pauvreté, corruption, maladie et conflits. Notre mission chez Africa No Filter est de faire évoluer ces stéréotypes car ils influencent la manière dont le monde perçoit l’Afrique et la manière dont l’Afrique se perçoit elle-même. Grâce au renforcement des communautés et au plaidoyer, nous soutenons les conteurs pour aider à faire évoluer les récits stéréotypés sur l’Afrique, une histoire à la fois. Africa No Filter est un collectif de donateurs financé par des fondations américaines.
Chez Africa Practice, nous aidons à façonner l’avenir de l’Afrique. Nous co-créons et mettons en œuvre des innovations pour faire évoluer le récit, réécrire les règles et réimaginer des marchés qui fonctionnent pour tous. Combinant des analyses approfondies et un plaidoyer audacieux, nous travaillons avec l’industrie, les investisseurs et les partenaires de développement pour conduire le changement.
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