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L’Afrique du Sud: pionnière de l’hydrogène vert en Afrique

“Nous sommes déterminés à exploiter les possibilités offertes par l’économie de l’hydrogène. Nous voulons être non seulement un centre important de production et d’exportation d’hydrogène vert, mais aussi d’ammoniac* vert”, a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa dans son discours d’ouverture de la conférence annuelle African Mining Indaba, qui s’est tenue au Cap ce mois ci. Son engagement en faveur de l’hydrogène vert, l’hydrogène produit à partir de sources d’énergie renouvelables, repose sur de solides bases. 

En février de cette année, le ministère sud-africain des sciences et de l’innovation (DSI) a publié une feuille de route, la Hydrogen Society Roadmap, qui définit la stratégie nationale en matière d’hydrogène, afin de répondre aux besoins nationaux en matière de sécurité énergétique, et de faciliter les exports d’hydrogène vert et d’ammoniac vers l’Europe et l’Asie. La DSI estime que la réalisation de cette feuille de route pourrait créer jusqu’à 3 millions d’emplois. Quatre projets, dont l’initiative Platinum Valley (South African Hydrogen Valley), devraient contribuer à hauteur d’au moins 5 milliards USD à l’économie sud-africaine d’ici 2050. 

L’Afrique du Sud se positionne donc à l’avant-garde de la révolution de l’hydrogène vert et incite les décideurs politiques et les leaders industriels du monde entier à reconnaître son potentiel pour décarboniser l’industrie. Cela est particulièrement vrai pour les secteurs difficiles à décarboniser, tels que l’acier et le secteur chimique, pour lesquels l’électrification n’est pas réalisable à l’heure actuelle, ou encore le transport lourd, qui ne peut être décarbonisé sans hydrogène vert. Le conseil international des mines et des métaux (ICMM) estime que 28 000 camions de transport circulent sur les sites miniers dans le monde, produisant chaque année l’équivalent des émissions de l’Autriche. La conversion de ces camions à moteur diesel en véhicules à émissions nulles est essentielle pour que les mineurs puissent réduire leurs émissions de scope 1.  

Une étape importante de la décarbonisation des activités minières a été franchie récemment à la mine de métaux du groupe du platine (MGP) de Mogalakwena, dans la province de Limpopo. Anglo American y a lancé un prototype du plus grand camion de transport minier hybride à hydrogène au monde, à la suite d’une collaboration avec Engie. Les émissions diesel de la flotte de camions de transport d’Anglo American représentant environ 10 à 15 % de ses émissions totales de scope 1, le déploiement de camions verts fonctionnant à l’hydrogène est une étape importante vers la réalisation par la société d’opérations neutres en carbone d’ici 2040. 

Le développement de la technologie de l’hydrogène vert présente également une opportunité pour Anglo American – et pour l’Afrique du Sud. Le platine est un composant clé des électrolyseurs pour la production d’hydrogène, et des catalyseurs dans les piles à combustible. Anglo American est le premier producteur mondial de platine primaire, tandis que l’Afrique du Sud est le premier producteur mondial de platine, palladium, ruthénium, rhodium, iridium et osmium, représentant 75 % de la production mondiale. 

Le dernier et sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié au début de l’année, constitue un rappel brutal de l’impact du réchauffement climatique sur des millions de personnes dans le monde chaque année. Le GIEC prévient que des effets plus graves sont à prévoir si nous ne parvenons pas à réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre et à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius. Dans ce contexte, les solutions d’énergie renouvelable ont été le thème dominant de la conférence Mining Indaba. 

L’un des plus grands exposants de la conférence était le gouvernement allemand, qui s’intéresse aux abondantes ressources minérales et naturelles de l’Afrique (notamment le cuivre, l’aluminium et les métaux pour batteries tels que le lithium). Leurs objectifs sont notamment de réduire la dépendance au gaz russe et de promouvoir le développement d’une économie à faible émission de carbone. Le pays membre du G7 collabore étroitement avec le gouvernement Namibien pour soutenir les initiatives de développement de l’hydrogène vert du pays afin de garantir à l’avenir les importations en provenance de ce pays d’Afrique australe. Plusieurs nations africaines, qui disposent d’une abondance de vent, de soleil, d’eau et de terre, suivent maintenant le mouvement et développent leurs propres plans pour exploiter le potentiel de l’hydrogène vert. 

L’African Hydrogen Partnership (AHP) – une association d’entreprises créée pour promouvoir les technologies de l’hydrogène, soutenir le développement des équipementiers et collaborer avec les gouvernements africains pour établir les politiques et les cadres réglementaires appropriés au développement du secteur – accueille de nouveaux membres à un rythme soutenu. Siggi Huegemann, initiateur et cofondateur de l’AHP, est clair quant à l’opportunité que représente l’hydrogène vert pour les nations africaines : ”Sans l’hydrogène vert africain, le monde ne peut pas se décarboniser.”  

Les nations africaines ont aujourd’hui l’occasion unique de s’imposer comme des acteurs de premier plan dans l’économie de l’hydrogène et, ce faisant, de concrétiser leurs impératifs nationaux de développement socio-économique. La Namibie, l’Afrique du Sud, le Maroc et l’Égypte sont tous à un stade avancé de préparation, avec des plans directeurs élaborés, des incitations à l’investissement introduites et des engagements de la part de partenaires de projets privés. Le Kenya, la Corne de l’Afrique, le Mali et la Mauritanie suivent de près. D’autres pays africains devraient annoncer des plans de développement de l’hydrogène vert avant la 27e conférence des parties (COP 27) qui se tiendra à Sharm-El-Sheikh, en Égypte, en Novembre.

La course est lancée pour que les nations africaines exploitent leurs abondants minéraux et ressources naturelles afin de devenir des acteurs de premier plan dans la production d’hydrogène vert. Ce vecteur énergétique vital à zéro émission peut transformer le développement économique du continent et faire de plusieurs nations africaines des superpuissances du capital naturel.

A propos de l’auteur

Marcus Courage, CEO d’Africa Practice.

*L’ammoniac est utilisé en agriculture comme engrais, mais aussi comme gaz réfrigérant, pour la purification de l’eau et dans la fabrication de plastiques, d’explosifs, de textiles, de pesticides, de teintures et d’autres produits chimiques.

 

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